De Gaulle n’est pas content de l’AFI

4 septembre 1942 : les mots ont leur importance

Mardi 4 septembre 2012

Dans un télégramme qu’il adresse le 4 septembre 1942 à René Pleven, commissaire de l’Air et à Jacques Soustelle commissaire à l’Information, le général de Gaulle tient à ce que soit corrigée une maladresse commise la veille au soir dans l’émission “Les Français parlent aux Français”.

Lorsque le speaker a déclaré: ” Certes, après dix mois, la France déposait les armes etc…” le chef des Français libres a froncé les sourcils. Il réplique: ” Veuillez faire observer de ma part à Duchesne que la France n’a pas déposé les armes. Ou alors, il faudrait admettre que Vichy est la France et que la participation continue du territoire français et des Forces françaises à la guerre ne compte pour rien”.
Le Général ne s’arrête pas là: “Vous ajouterez pour Jacques Duchesne qu’au Levant, en Afrique française libre, au Pacifique et certainement en France, on n’admet pas du tout que la France ait déposé les armes. Rien n’exaspère nos combattants comme la confusion: “Vichy et la France” et l’histoire de “l’écroulement de la France”.

De Gaulle considère qu’il serait profitable d’envoyer dans l’Empire libéré et sur le théâtre des opérations d’Afrique un membre de l’équipe de la radio pour qu’il mesure la susceptibilité légitime sur de tels sujets. Il en donne par avance l’autorisation. Le même jour, il télégraphie à la délégation de la France combattante à Londres des remarques après la diffusion d’une dépêche de l’Agence française indépendante (AFI) concernant l’accord Frazer-d’Argenlieu.
La dépêche débute ainsi: “Londres, le 3 septembre, le QG de la France combattante communique: le gouvernement de Nouvelle-Zélande définit sa politique à l’égard du mouvement de la France combattante”. Le Général déroule ses observations: ” L’AFI parle comme toujours, du QG de la France combattante au lieu de dire Comité national français. J’observe aussi que cette dépêche tronque notre propre communiqué car il n’est pas possible que nous nous soyons qualifiés nous-mêmes de mouvement dans un communiqué officiel”.

De Gaulle hausse le ton et considère qu’il existe une fâcheuse dérive dont il fait porter la responsabilité à M. Maillaud et à ses assistants. Le Général conclut: ” Je vous prie de notifier à Maillaud de ma part que cette attitude de l’AFI est incompatible avec l’aide que nous lui donnons. J’envisage de rappeler à la date du 1er octobre, tous les correspondants mis par nous à la disposition de l’AFI”. Pour être bien certain que son commentaire est parvenu à destination, de Gaulle réclame un accusé de réception de son télégramme.
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